La RSE : une opportunité face aux enjeux des entreprises ?

Charlotte Limousin est déléguée générale chez Delphis, une association professionnelle rassemblant plus de 70 bailleurs sociaux. Depuis plus de dix ans, Charlotte suit et accompagne l’essor de la RSE dans le secteur du logement social. Dans ce podcast, Charlotte partage sa vision positive de la RSE et l’intérêt de l’intégrer dans sa stratégie d’entreprise.

Les défis de la RSE dans le secteur du logement social

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est un concept global qui invite les organisations à se questionner sur tous les aspects de leurs actions et de leur fonctionnement. Dans le secteur du logement social, les bailleurs sont confrontés à plusieurs défis en matière de RSE, qui comprennent notamment :

• Le défi environnemental (ou l’urgence climatique) : il regroupe les problématiques liées à l’énergie, au carbone, à l’adaptation au changement climatique, à la biodiversité et à l’économie circulaire. Les bailleurs sociaux doivent réduire l’empreinte environnementale de leurs activités et de leur parc immobilier, tout en anticipant les impacts du changement climatique sur leurs bâtiments et leurs locataires.
• Le défi sociétal : il est lié aux évolutions socio-démographiques, au vieillissement de la population, à l’évolution des compositions familiales et aux nouvelles façons d’habiter. Les bailleurs sociaux doivent répondre aux besoins et aux attentes des locataires, en proposant des logements adaptés aux parcours de vie de plus en plus variés et complexes.

Certains défis ne sont pas spécifiques au logement social, mais doivent être pris en compte dans le cadre de la RSE, notamment en ce qui concerne les ressources humaines et le management. Les bailleurs sociaux, comme toute entreprise ou organisation, doivent tenir compte des nouvelles attentes de la société et de leurs employés, en matière de qualité de vie au travail, de diversité et d’inclusion, de formation et de développement des compétences.

Comment les bailleurs sociaux modifient-ils leurs pratiques pour relever ces défis ?

Après la prise de conscience, vient l’expérimentation.

En tant que gestionnaires de plusieurs dizaines de milliers de logements, la question est de savoir comment étendre et intégrer ces expérimentations dans leur stratégie globale.

Pour les accompagner dans cette démarche, des méthodes et des outils sont en cours de développement. L’idée est de réfléchir collectivement et de co-construire ces outils, en associant les différentes parties prenantes.

Les bailleurs sociaux doivent également accepter de se remettre en question régulièrement et d’être à l’écoute des innovations, qu’il s’agisse d’innovations techniques ou de méthodes. Cette démarche d’amélioration continue est essentielle pour relever les défis actuels et anticiper les enjeux futurs.

Enfin, il est important de souligner que les bailleurs sociaux ne peuvent pas agir seuls. Ils doivent travailler en étroite collaboration avec les collectivités locales, les associations et les habitants, pour co-construire des solutions adaptées aux besoins et aux attentes de chacun. Cette approche partenariale est essentielle pour réussir la transition écologique et sociale du secteur du logement social.

Les bonnes pratiques en matière de RSE

La RSE est une approche globale qui nécessite une vision à 360 degrés. Cependant, il est essentiel de se concentrer sur des aspects spécifiques plutôt que de tenter de tout traiter simultanément. L’idéal est de combiner des projets structurants à moyen terme, capables d’induire des changements significatifs, avec des actions à court terme pour observer des progrès et des résultats concrets rapidement.

La RSE est souvent perçue comme une opportunité. En effet, elle permet de construire ou de renforcer un projet commun, de donner ou redonner du sens, et de fédérer les équipes autour d’une vision et d’un objectif partagés. Elle encourage la participation de tous, car chacun est concerné et a un rôle à jouer.

La RSE peut également servir de levier d’attractivité pour les candidats potentiels. En effet, de plus en plus de candidats recherchent un emploi qui a du sens et sont sensibles aux démarches RH inscrites dans le cadre de la politique RSE.

Elle constitue aussi un levier de fidélisation des employés. Tout ce qui peut être mis en place dans le cadre d’une démarche RSE, comme la réflexion sur la qualité de vie au travail, l’organisation du travail et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, contribue à améliorer la satisfaction et l’engagement des employés.

Enfin, la RSE peut être un outil de questionnement et une méthode pour élaborer sa stratégie d’entreprise. Elle permet de se poser les bonnes questions, de réfléchir à son impact sur la société et l’environnement, et d’intégrer ces considérations dans sa stratégie globale.

La démarche RSE : comment mesurer son efficacité ?

Pour mesurer l’efficacité d’une démarche RSE, il est essentiel de disposer d’indicateurs quantitatifs. Ces indicateurs servent à la fois en interne, pour piloter la démarche et mesurer les progrès par rapport aux objectifs fixés, et en externe, pour répondre au besoin de transparence et rendre compte auprès des parties prenantes.

Cependant, certains éléments sont moins quantifiables. Dans cette logique d’amélioration continue, il est important d’avoir des temps de bilan et d’évaluation de ces projets et pratiques, pour se remettre en question sur la stratégie. Cela passe par une évaluation plus qualitative, en revenant vers les parties prenantes et en les interrogeant pour recueillir leur avis sur les évolutions de la stratégie de l’entreprise.

Il est donc recommandé de combiner des indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour évaluer l’efficacité d’une démarche RSE. Les indicateurs quantitatifs permettent de mesurer les progrès de manière concrète et objective, tandis que les indicateurs qualitatifs permettent de prendre en compte les perceptions et les attentes des parties prenantes, et d’adapter la stratégie en conséquence.

Enfin, il est important de communiquer régulièrement sur les résultats de ces évaluations, en interne comme en externe, pour montrer les progrès réalisés et les efforts déployés pour améliorer la performance RSE de l’entreprise. Cette transparence est essentielle pour renforcer la confiance des parties prenantes et garantir la crédibilité de la démarche RSE.